Une des qualités principales de cette artiste est l’authenticité avec la volonté non pas de surprendre, mais plutôt de séduire par les possibilités qu’elle nous offre. Entrer dans un de ses tableaux c’est avant tout découvrir une terre inconnue, c’est aussi accepter une aventure aux confins de l’imagination et, avant tout, une possibilité de se détacher d’une réalité trop souvent statique. Antoinette Nicolini peint comme si cet acte était indispensable à sa survie dans notre monde actuel. Chacun de ses tableaux raconte une histoire sous forme de parabole, à nous de la déchiffrer et de la comprendre pour en tirer un profit non seulement visuel mais aussi intellectuel. Car chaque détail de ses peintures donne sens à l’ensemble, chaque nuance et chaque lumière structurent avec application le thème abordé et traduit sur la toile. Pour être précis disons que Nicolini porte en elle cette nécessité de partager ce qu’elle ressent; c’est cela qui la fait vivre et qui la rattache au monde.
Quelque soit le sujet traité, on y trouve la même force, le même désir d’aller jusqu’au bout de ce qu’elle a vu. Car, pour elle, tout doit être « digéré », interprété, afin que le spectateur ait devant lui une sorte de livre à effeuiller. Ce qu’il y a de passionnant dans son travail, c’est que les tableaux offerts au public dans une exposition, sont autant de messages sibyllins à découvrir. Qu’il s’agisse des paysages de Venise, de Paris, de New York ou de sa Corse natale, des champs de coquelicots, des danseuses classiques ou de Flamenco, toutes ces œuvres ont un dénominateur commun la recherche d’une vérité qui anoblit ce que l’on voit ou croit voir, qui métamorphose les choses et nous transforme en nous indiquant le chemin où se cache la révélation créatrice. Tout cela est rendu possible par l’habileté du peintre, par une grande technique acquise dont elle n’est pas esclave, et qui lui permet de jongler avec les lignes, les couleurs et les nuances et ainsi de pouvoir garder son écriture quoiqu’il arrive. L’écrivain Céline, dans un entretien avec un journaliste a dit: « L’important en littérature, c’est le style ! ». Je crois que cela est valable pour tous les arts et le style d’Antoinette Nicolini, c’est-à-dire son écriture picturale, est bien reconnaissable, bien marqué.
Cette nouvelle exposition qui va se tenir à la Galerie du Marais va nous permettre de découvrir la monographie consacrée à ce peintre hors du commun, aux possibilités multiples. Remercions donc la Galerie du Marais, et plus particulièrement Paule France Luciani et Cyril Bataille de nous présenter une artiste rare qui n’a pas fini de nous étonner et de nous séduire.
Patrice de la Perrière
Univers des Arts